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Brésil: Ox513A, moustique terminator

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Pour lutter contre la dengue, un laboratoire du Nordeste a lâché en ville des millions d’insectes transgéniques. L’expérience grandeur nature oppose des écolos aux chercheurs brésiliens.
par Chantal Rayes, Envoyée spéciale à Juazeiro (Etat de la Bahia, Brésil)
publié le 28 avril 2014 à 18h06

Nom de code : Ox513A. Signe particulier : de petites lueurs phosphorescentes sur le corps. L'insecte luit au microscope de Moscamed, un laboratoire public de Juazeiro. «C'est un moustique comme les autres, assure la technicienne Luiza Garziera. On a juste introduit un gène qui lui permet de faire ce qu'on lui demande» : combattre le moustique qui transmet la dengue. Cette maladie qu'on appelait autrefois grippe tropicale touche chaque année plus de 50 millions de personnes dans le monde, elle est parfois mortelle, et il n'existe pour le moment aucun vaccin.

L'Ox513A, un OGM donc, est un Aedes aegypti, la principale des espèces de moustiques qui transmettent la dengue. Le gène qu'on lui a ajouté va lui permettre d'éliminer son alter ego sauvage. Mis au point par la société de biotech Oxitec, née à l'université d'Oxford au Royaume-Uni, le moustique est reproduit ici, chez Moscamed. Il est actuellement testé au Brésil, où la dengue est endémique. En 2013, près d'un million et demi de cas, dont 573 décès, ont été enregistrés dans le pays.

Chaque semaine, 600 000 insectes sont lâchés à Jacobina, ville de 79 000 habitants de l'Etat de la Bahia (nord-est), à 100 km au sud de Juazeiro. Les essais sont financés par les autorités locales et soutenus par le gouvernement. De précédents lâchers avaient été menés aux îles Caïmans et en Malaisie, mais l'expérience brésilienne, démarrée en 2011 à Juazeiro, est inédite par son ampleur. Aldo Malavasi, président de Mos