Passée plutôt inaperçue, la décision des autorités rwandaises n’en est pas moins symbolique. Il y a quelques jours, le centre culturel français de Kigali a dû fermer ses portes. La municipalité a en effet décidé d’exproprier la France du terrain où avaient été édifiés, avant le génocide de 1994, des locaux comprenant une salle de spectacle et une bibliothèque très fréquentée. Après les propos virulents tenus, le 7 avril, lors des commémorations du vingtième anniversaire des massacres par le président Paul Kagame contre Paris, accusé d’être directement impliqué dans l’extermination de quelque 800 000 personnes, c’est un nouveau camouflet pour la France.
Certes, le Quai d'Orsay minimise l'affaire, assurant qu'il n'y a aucun lien entre le discours de Kagame et l'expropriation du centre culturel. «Les autorités nous avaient demandé de construire sur ce terrain un immeuble dans lequel serait incorporé le centre, mais nous n'avons pas trouvé d'associé dans le délai imparti pour partager le coût de ce projet, explique un haut responsable à Paris. Légalement, nous devions alors rétrocéder le terrain.» A l'inverse, Claudine Vidal, spécialiste du Rwanda au CNRS, y voit «une véritable humiliation» pour Paris. «Il s'agit bien d'une décision préméditée qui, symboliquement, renforce aussi la détermination des autorités rwandaises à tourner le dos à la francophonie, affirme-t-elle. Pendant toutes les années qui ont suivi le génocide, ce terrain était