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Libération
TRIBUNE

La prudence meurtrière de l’ONU en Syrie

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par Richard Goldstone, Ex-procureur au TPI pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, Alain Pellet, Ex-président de la commission du droit international des Nations unies, Michael Bothe, Professeur émérite de droit public et Sir Nicolas Bratza, Ex-président de la Cour européenne des droits de l’homme
publié le 29 avril 2014 à 18h06

Après plus de trois ans de conflit en Syrie, plus de 9 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire urgente. Plus de 3 millions se trouvent dans des zones dites «difficiles d'accès», dont beaucoup sont concentrées dans le nord du pays contrôlé par l'opposition. Alors que les agences onusiennes et humanitaires basées à Damas sont en mesure de fournir un peu d'aide à ces personnes en effectuant des opérations «à travers les lignes de front», l'ONU et d'autres agences humanitaires affirment depuis longtemps qu'il n'est possible d'accéder à des centaines de milliers de civils qu'à partir de pays voisins tels que la Turquie et la Jordanie. Mais le gouvernement syrien persiste à ne pas autoriser ce type d'opérations complémentaires «transfrontalières» en dépit d'une demande du Conseil de sécurité de l'ONU en ce sens. Le mépris flagrant que le gouvernement syrien et certains éléments de l'opposition affichent à l'égard des règles les plus élémentaires du droit international humanitaire est source de souffrance pour des millions de personnes. Mais cette situation est encore aggravée par une interprétation trop prudente du droit international humanitaire, qui empêche les agences de l'ONU d'acheminer l'aide humanitaire.

Le droit international humanitaire dispose sans équivoque qu'une action humanitaire impartiale «doit être entreprise» là où une population civile a besoin d'une aide vitale. Afin de protéger la souveraineté et l'intég