Menu
Libération
Interview

«Nouri al-Maliki apparaît comme un chef de guerre»

Article réservé aux abonnés
L’anthropologue Hosham Dawod estime que le Premier ministre irakien n’a pas réconcilié chiites et sunnites :
publié le 29 avril 2014 à 20h46

Anthropologue, ingénieur de recherche au CNRS, Hosham Dawod vit à Erbil. Il a dirigé l'ouvrage collectif Tribus et Pouvoirs en terre d'Islam (Armand Colin, Paris, 2004)

Ses adversaires qualifient le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki de «dictateur», est-ce aussi votre sentiment ?

C’est plutôt quelqu’un d’autoritaire, surtout ces dernières années, un homme à poigne et déterminé, qui préfère la coercition aux compromis et aux concessions et a réussi à accaparer l’essentiel des pouvoirs face à un Parlement quasiment paralysé. Il apparaît comme un chef de guerre et penche davantage du côté de l’ordre que de celui du droit.

S’il n’obtient pas de majorité suffisante aux élections, avec qui pourra-t-il s’allier pour former son gouvernement ?

L'un de ses principaux problèmes, c'est qu'il s'est fait beaucoup d'adversaires sans distinction de confessions et d'ethnies. Même chez les chiites, il est en délicatesse avec les sadristes [les partisans du chef religieux radical Moqtada al-Sadr, avec lequel il fut un temps allié, ndlr] et le Conseil suprême de la révolution islamique [autre grand parti islamiste]. Sans doute son parti arrivera-t-il en tête des forces chiites mais il aura besoin d'alliés. Or, il en a peu. Effectivement se pose la question : avec qui fera-t-il sa coalition ?

Au cours de son dernier mandat, le fossé entre chiites et sunnites ne s’est-il pas encore creusé ?

Etre Premier ministre en Irak, et Nouri al-Maliki l'est depuis huit ans, signifie qu'il est responsable en premier de cette situation mais il est loin d'être le seul. En fait, le problème est que ce pays souffre de nombre de maux : une classe politique corrompue, un Parlement immobile, un Etat affaibli, une position géostratégique qui attise les convoitises des pays étrangers et les conséquences du bilan cala