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Libération
Récit

L’IRA rattrapée par ses fantômes

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Le leader nationaliste Gerry Adams a été arrêté mercredi dans le cadre d’une enquête sur un meurtre commis en 1972.
Le leader républicain Gerry Adams le 27 novembre 2013 à Belfast (Photo Peter Muhly. AFP)
publié le 1er mai 2014 à 20h06

On les appelle «Les Disparus». Ils sont seize, enlevés, assassinés et secrètement enterrés par l’Armée républicaine irlandaise (IRA) entre 1972 et 1985. Punis car accusés d’avoir trahi, d’une manière ou d’une autre, l’IRA. Jean McConville a été une «disparue» de 1972 à 2003. Cet été-là, son corps a finalement été retrouvé, enterré sur une plage du comté de Louth, dans l’est de l’Irlande. Retrouvé par hasard après qu’une tempête a balayé une partie du sable, exposant son corps. L’IRA avait admis en 1999 l’avoir tuée, mais ses indications, dans le cadre d’une commission indépendante établie dans le cadre des accords de paix, n’avaient pas permis de la retrouver. L’autopsie de son corps établira qu’elle a été battue, torturée avant d’être tuée d’une balle dans la tête. Seules neuf des dépouilles des disparus ont été retrouvées.

Le cas de Jean McConville est particulièrement poignant parce qu’en 1972, cette femme de 37 ans, née protestante et convertie au catholicisme après son mariage, est veuve depuis un an. Son mari, Arthur, est mort d’un cancer. Elle est aussi mère de dix enfants, dont des jumeaux de 6 ans. Certains diront qu’elle a été dénoncée à l’IRA par des voisins qui l’ont vue aider un soldat blessé dans la rue. L’IRA affirmera qu’elle était un agent britannique. Une enquête indépendante établira que ce n’était pas le cas.

Alliance. Ce soir de décembre 1972, elle est dans son canapé, entourée de ses enfants, choquée. La veille, elle