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Libération

A La Paz, des soldats en grève pour «décoloniser» l’armée

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publié le 2 mai 2014 à 22h26

De mémoire de Bolivien, on n'avait jamais vu ça. Des militaires désertant leurs casernes et clamant leurs revendications dans les rues de La Paz. Ils protestent notamment contre le peu de représentation des classes populaires dans le vivier des officiers. Les manifestations, menées au pas cadencé et rythmées par des chants à la gloire de la patrie, sont pourtant quasi quotidiennes depuis le 22 avril. «Si nous réclamons la décolonisation de l'armée, c'est que nous souhaitons en changer la structure, qu'il n'existe plus de classes sociales en son sein, qu'il n'y ait plus de militaires de première et de seconde catégorie», détaille le sous-officier Magne, l'un des meneurs de la fronde. Et de préciser : «Nous voulons que tous les soldats de base puissent avoir la possibilité d'accéder un jour au plus haut grade, celui de général.»

Une véritable révolution des mentalités qui n'est pas du goût du gouvernement. Le ministre de la Défense, Rubén Saavedra, dont les manifestants réclament la tête, a ainsi qualifié la grève d'illégale et a enjoint les militaires rebelles à exprimer leurs doléances «par la voie hiérarchique». Droit dans ses bottes, le haut commandement de l'armée a quant à lui congédié plus de 700 sous-officiers grévistes, reconnus coupables de «sédition, mutinerie et atteinte à la dignité des forces armées boliviennes». Le président socialiste, Evo Morales, à qui l'armée semblait depuis longtemps acquise, est pour sa part gêné aux ento