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Enquête

Allemagne 14-18, la grande gêne

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Faute nationale ou responsabilité partagée entre Européens ? Défaite meurtrière ou éclosion de la démocratie outre-Rhin ? Ne sachant que commémorer pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, les Allemands n’ont presque rien prévu.
publié le 2 mai 2014 à 18h06

Il n'y aura pas en Allemagne de célébration officielle du 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le président de la République, Joachim Gauck, dont la fonction est honorifique, se rendra uniquement à certaines manifestations organisées par les pays voisins. Le 3 août, il assistera avec François Hollande aux commémorations organisées en Alsace. Quant à la chancelière Angela Merkel, on sait depuis lundi qu'elle se rendra en Flandre fin octobre. D'ici là, elle inaugurera fin mai, au musée de l'Histoire allemande à Berlin, une exposition consacrée au conflit.

La position en retrait de la République fédérale, critiquée par de nombreux historiens, ne traduit pas de l'indifférence mais plutôt de la gêne. La parution récente de plusieurs ouvrages consacrés au conflit a relancé, outre-Rhin, le débat sur les origines de cette guerre meurtrière avec laquelle les Allemands entretiennent un rapport complexe. En allemand, on ne parle pas de «Grande Guerre», même si le nombre de morts - le conflit a coûté la vie à 17 millions de personnes, dont 2 millions d'Allemands - a été plus important dans les rangs de la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie, qui changera de camp en 1915) que dans ceux de la Triple Entente (France, Grande-Bretagne et Russie). «La Première Guerre mondiale est perçue en Allemagne comme la "catastrophe matricielle" de l'histoire allemande et européenne du XXe siècle, explique l'historien français