Menu
Libération
TRIBUNE

Un refuge pour les journalistes

Article réservé aux abonnés
par Fabrice Drouelle
publié le 4 mai 2014 à 21h16

C'est l'histoire de Moulaye Haidara, coordinateur et vice-président du réseau de radios communautaires du Mali. Ce journaliste âgé de 53 ans au moment des faits, en 2013, vit à Ménaka, première ville malienne attaquée par les rebelles du MNLA, au nord du pays. Pour avoir témoigné sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) de l'avancée des islamistes dans la région ainsi que de l'immobilisme de l'armée régulière, il se retrouve menacé par les deux camps. Il doit précipitamment déplacer toute sa famille au Niger avant d'être lui-même exfiltré par des Néerlandais vers l'Europe. Cette histoire, c'est aussi celle de ses 300 consœurs et confrères qui ont trouvé refuge depuis dix ans à la Maison des journalistes (MDJ), chassés de leurs pays ou ayant dû le fuir. Ils n'avaient commis qu'un crime, l'un des pires aux yeux des potentats qui les gouvernent : ils avaient osé témoigner, ils avaient osé informer ! Après avoir débarqué en France dans l'indifférence et la solitude, portant les valises de leur histoire personnelle, douloureuse, séparés de leurs familles, ils ont trouvé refuge à la MDJ, un premier point de repère, un endroit où ils ont pu être entendus, où ils ont pu se reconstruire dans la sécurité pendant six mois, et bénéficier d'un soutien précieux pour leurs démarches administratives. L'immense majorité d'entre eux a quitté la MDJ avec le viatique tant désiré, le statut de réfugié politique. Cette longue chaîne de solidarité assemble ses maillons depuis dix ans dan