La Thaïlande, qui aime figurer dans le Livre Guinness des records, vient d'en pulvériser un nouveau. Pour la troisième fois en six ans, la Cour constitutionnelle a destitué un Premier ministre du clan politique Shinawatra - du nom de l'ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, lui-même renversé par un coup d'Etat en 2006.
Les juges de la cour ont estimé à l'unanimité hier que la Première ministre, Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, avait commis un abus de pouvoir en mutant, en 2011, un haut fonctionnaire. Alors patron du Conseil de sécurité nationale, ce dernier a depuis réintégré ses fonctions sur ordre du tribunal administratif. Mais selon les juges, la Première ministre a «bénéficié personnellement de cette mutation, car elle a permis à un membre de sa famille de devenir le chef de la police». Yingluck Shinawatra, élue en juillet 2011, a dû quitter immédiatement ses fonctions de chef du gouvernement - ainsi que neuf ministres en poste au moment des faits - et a été remplacée par son ministre du Commerce.
Animosité. Dans le contexte volatile où se trouve la Thaïlande depuis six mois, ce jugement risque d'envenimer encore l'animosité entre partisans et détracteurs du gouvernement. Depuis début novembre, des milliers d'opposants à la famille Shinawatra manifestent dans les rues de Bangkok pour réclamer le départ de l'équipe dirigeante, et instaurer un «Conseil populaire» non élu, qui assainirait le systèm