Gao Yu, une célèbre journaliste d'investigation qui avait mystérieusement disparu de chez elle le 24 avril, a soudain reparu hier soir… sur les écrans de la télévision d'Etat. Filmée assise sur une chaise en fer dans une salle d'interrogatoire capitonnée d'un centre de détention, la journaliste âgée de 70 ans déclare sur un ton hésitant et monocorde : «Je considère que mes actions ont porté atteinte aux intérêts nationaux, et que c'était très mal. J'accepte sincèrement et sérieusement d'apprendre cette leçon, et je veux avouer mon crime.» La voix caractéristique de la captive est reconnaissable, mais il est difficile de se rendre compte de son état d'épuisement après une douzaine de jours d'interrogatoire. Ses amis jugent néanmoins que «d'incroyables pressions» ont été nécessaires pour «extorquer ces aveux» à cette femme de tête.
A un mois du 25e anniversaire de la répression du mouvement démocratique de Tiananmen, les 3 et 4 juin 1989, les disparitions et arrestations de dissidents déterminés à commémorer cet événement officiellement proscrit des mémoires se multiplient. «On s'attend dans les semaines qui viennent à des centaines d'arrestations et mises en résidence surveillée», rappelle un opposant. Mais le pouvoir veut aussi montrer qu'il peut faire plier les plus indociles, en mettant en scène leurs aveux publics.
L'opposante septuagénaire a été arrêtée alors qu'elle devait se rendre à une cérémonie-débat sur les événements de