Placé en embuscade le long d'une route au nord de Bangkok, un groupe de policiers thaïlandais attend, carnet de contraventions à la main, les «clients» potentiels. Un conducteur distrait file dans sa voiture sur la voie de droite. Promptement arrêté (on roule à gauche en Thaïlande), il se voit signifier qu'il est en infraction : il est censé se rabattre sauf quand il dépasse des véhicules plus lents. «Je devrais vous donner une contravention, mais on peut s'arranger», glisse l'agent. «Non, non, donnez-moi la contravention», insiste le conducteur. «Etes-vous sûr, vous allez devoir payer au commissariat. Si vous me donnez 200 bahts (4,5 euros), c'est réglé tout de suite», rétorque l'homme en uniforme. Et devant l'obstination du conducteur à vouloir respecter la loi, l'agent lâche son argument ultime : «OK, je vous fais un discount. C'est seulement 100 bahts.»
Quiconque a vécu quelque temps dans le royaume a été confronté à cette corruption quotidienne et banale. Mais si les Thaïlandais se sont longtemps montrés tolérants vis-à-vis de ces pratiques, beaucoup mènent campagne ces derniers mois contre la corruption de haut vol au sein du monde politique. C'est même devenu le cheval de bataille du mouvement antigouvernemental qui manifeste depuis six mois dans les rues de Bangkok. «Résistons à la corruption du clan Shinawatra», proclame une banderole suspendue au-dessus d'une avenue où ces militants défilaient vendredi pour réclamer le re