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Libération

Libérations de trafiquants : l’Espagne force la dose

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publié le 11 mai 2014 à 19h26

Depuis mars, 29 trafiquants de drogue présumés, en attente de jugement, ont été libérés des geôles espagnoles. Majoritairement de haut vol, ils avaient été interpellés en Méditerranée lors d'opérations policières ayant fait main basse sur des dizaines de tonnes de haschisch. «Avant, on était les champions de la justice universelle, désormais nous sommes un objet de risée universelle», tonne Francisco Mena, coordinateur de la lutte antidrogue pour la baie d'Algésiras, l'un des «points chauds» de la péninsule. La plupart des associations qui œuvrent dans ce domaine sont aussi furieuses, ainsi que plusieurs gouvernements européens : comment l'Espagne peut-elle se permettre de relâcher de gros poissons du narcotrafic ?

A l'origine de cette bizarrerie : la réforme de la justice universelle approuvée en mars à toute allure et sans concertation par le gouvernement Rajoy. Le leader conservateur avait ainsi stoppé net des querelles diplomatiques avec diverses chancelleries puissantes, notamment celles de la Chine et d'Israël. La législation antérieure permettait en effet à tout juge d'instruction espagnol de se mêler des affaires intérieures d'un pays étranger en cas de «crime de lèse-humanité». C'est ce qui avait permis au juge Garzón d'interpeller à Londres, en 1999, Augusto Pinochet, puis, plus récemment, d'obtenir l'extradition vers Madrid des ex-tortionnaires argentins Cavallo et Scilingo. En 2006, le juge Andreu avait lancé des mandats d'arrêt contre de hautes