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Libération

Gonganju, la matraque en toute impunité

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Malgré les exhortations de la Cour suprême, la puissante police chinoise continue de torturer à tour de bras.
publié le 12 mai 2014 à 18h06

La police chinoise, la Gonganju («Bureau de la sécurité publique»), n'a pas très bonne réputation en Chine, même auprès de la Cour suprême du pays. En novembre, la haute instance a stigmatisé les violences que la police inflige parfois aux personnes suspectées de crimes afin de les faire passer aux aveux. «Il faut extirper du système les pratiques consistant à extraire les confessions par la torture», souligne une directive de la cour, qui publie une liste de ces méthodes couramment employées dans les commissariats : «Exposer le suspect au froid, le priver de nourriture, l'exposer aux éléments et au soleil, le priver de sommeil, etc.»

Prisonniers d'opinion. «Un suspect ne peut pas être condamné sur la seule base de ses aveux», ajoute la Cour suprême, dont les exhortations sont, depuis des années, le plus souvent ignorées. «La Gonganju est de loin l'institution la plus puissante du système judiciaire, car il y a très peu de freins à l'exercice de son pouvoir», souligne Nicolas Bequelin, de Human Rights Watch.

La Gonganju est chargée de réprimer les crimes et délits de droit commun, mais aussi les faits de nature politique. Sur ce plan, elle s'est beaucoup dépensée ces derniers temps. L'organisation Chinese Human Rights Defenders (CHRD) a répertorié, dans un rapport publié en mars, plus de 220 «mises en détention criminelle» de «militants des droits de l'homme». C'est trois fois plus que