Littéralement, Boko Haram se définit contre les livres et l'école, infidèles et vendus à l'Occident. L'histoire de la secte islamiste est synonyme d'une lutte à mort contre le savoir mais aussi contre la diversité ethnique et religieuse qui fait la richesse et la complexité du Nigeria. Les chrétiens, mais aussi les musulmans modérés, les femmes, sont autant d'ennemis. L'enlèvement de ces 276 écolières dans leur lycée de Chibok apparaît comme l'ultime barbarie menée au nom d'une religion dévoyée. Une horreur absolue contre des lycéennes qui ne demandaient qu'à apprendre et sont aujourd'hui menacées d'être mariées, converties de force ou vendues comme esclaves selon les délires haineux du chef de Boko Haram. Cette action monstrueuse a déclenché une vague d'indignation à travers le monde, mais aussi au Nigeria, où les manifestations sont quotidiennes contre ces fous de Dieu. Le Nigeria doit apporter une réponse policière et judiciaire à ces terroristes, mais cette secte prospère aussi sur le terreau d'un pays en banqueroute. Une répression aveugle et sanglante a nourri les islamistes. Le Nigeria est un pays malade aussi riche que pourri par une corruption endémique qui a détruit toute confiance dans l'appareil d'Etat, la police ou l'armée. Boko Haram est le symptôme d'un pays failli, et la secte ne pourra être vaincue que si les causes profondes de cet échec sont traitées. Il restera à montrer qu'il existe aussi en Afrique un «islam des Lumières», comme le dit le philo
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