Le camarade footballeur Daniel Alves n'est pas seul : du plus secret des montagnes colombiennes, un chef guérillero vient d'apporter son soutien au joueur brésilien, victime le mois dernier d'un jet de banane sur un terrain espagnol. Dans une vidéo de sept secondes publiée sur le site du groupe armé, Eln-voces.com, le sexagénaire Gabino, «premier commandant» de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), pose dans un décor classique : bâche de camouflage, fusil d'assaut rutilant, drapeaux de la Colombie et de la guérilla. Mais il y brandit avec bonhomie une banane entamée, et répète en souriant la phrase de solidarité devenue virale sur Internet : «Oui, nous sommes tous des macaques.» L'image du dirigeant, qui aime se revendiquer «indien», s'accompagne d'un simple commentaire : «L'ELN se joint à la campagne "non au racisme".»
La guérilla, vieille de 50 ans et deuxième du pays en nombre de combattants après les Farc, n'avait pas habitué à ce genre de message. En déclin, elle compterait néanmoins 1 500 hommes et femmes armés, et ses actions, contrairement au dernier geste de Gabino, ne sont pas celles d'un club sportif de quartier. Ces dernières semaines, les autorités lui ont attribué plusieurs attaques meurtrières contre des policiers, et des attentats contre un oléoduc. Les chefs de l'ELN, qui se veut «parti en armes», n'ont toutefois jamais caché leur volonté de négocier. «Ils veulent toujours p