On estime à 1 500 le nombre de victimes du groupe islamiste nigérian Boko Haram depuis le début de l'année. Voilà douze ans qu'il multiplie les massacres, mais c'est en 2013 qu'il se fait connaître en France par l'enlèvement de la famille Moulin-Fournier au Cameroun. Classée comme organisation terroriste par les Etats-Unis, mais possédant une base solide dans la population de la région, Boko Haram, dont le nom signifie «l'éducation occidentale est un péché», prône l'application stricte de la charia. Il s'attaque au gouvernement, aux chrétiens mais aussi parfois aux musulmans de la région.
En quoi peut-on qualifier ce mouvement de sectaire ?
En juin 2012, dans une publication de Sciences-Po, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), estimait que «le groupe tient à la fois de la secte et du mouvement social. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d'endoctrinement, son intolérance à l'égard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos». Ce qui correspond à la définition de la mission interministérielle française Miviludes, qui caractérise une dérive sectaire par «un dévoiement de la liberté de pensée, d'opinion ou d