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Libération
Reportage

«Peu importe le drapeau, l’Ukraine de l’Est ne pourra pas s’en sortir»

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Entrepreneur, Oleksiy Gavrysh porte un regard désabusé sur l’avenir économique de sa région.
publié le 13 mai 2014 à 18h56

Pas encore 30 ans, un visage aux traits adolescents et, pourtant, ce magnétisme de l'autorité déjà dans le regard. Oleksiy Gavrysh est fils «d'enseignants aux très modestes revenus» dans une petite ville à une heure de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Après des «petits boulots dès 16 ans» dans les charbonnages de la région pour payer ses études à l'université de Donetsk, filière commerce international, le voilà aujourd'hui vice-président d'Altcom, le plus grand groupe de travaux publics ukrainien, dont le siège se trouve à Donestk.

Oleksiy Gavrysh est un homme précis, profondément attaché à son pays, dit-il d'emblée. «Peu importe le drapeau qui flottera demain. Si l'économie dégringole encore, cette région de l'est de l'Ukraine ne pourra pas s'en sortir», explique-t-il. Il a décroché des chantiers colossaux, des contrats au Moyen-Orient, construit des centres commerciaux dans tout le pays, des ouvrages d'art dans les ex-Républiques soviétiques et signé le chantier de l'aéroport de Donetsk. Il y a quelques semaines de cela, il discutait avec des officiels d'un pays francophone d'Afrique de l'Ouest pour un projet d'extraction minière.

«Hommes-machines». C'est un homme assez lucide pour tout comprendre, et qui pourrait presque pardonner. «Ce qui arrive à l'Ukraine, dit-il, est en partie la conséquence de la période totalitaire. On a formé des hommes-machines-outils, pas des esprits capables de comprend