Il y a la douleur des familles de mineurs, mais il y a aussi la rage. Malgré l'imposant dispositif de sécurité, des manifestants ont hué et violemment contesté le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, venu à Soma, dans l'ouest de la Turquie, sur les lieux de l'explosion qui a eu lieu mardi en début d'après-midi dans une mine de charbon. «238 mineurs [282 jeudi matin, ndlr] ont rejoint l'éternité», a annoncé sur place le leader charismatique de l'AKP - le parti au pouvoir depuis 2002 -, mais le bilan de ce qui est déjà la pire catastrophe minière de l'histoire récente du pays risque encore de s'alourdir. Au moins 90 mineurs étaient toujours sous terre hier, dans un puits de deux kilomètres de profondeur.
L’explosion, causée par un incendie dans un transformateur électrique, a eu lieu au moment d’un changement d’équipe. C’est pourquoi, pendant de longues heures, les responsables de la mine ne connaissaient pas le nombre exact de mineurs restés coincés. Dans cette ville de 105 000 habitants, 16 000 personnes travaillent à la mine.
«Massacre». Trois jours de deuil national ont été décrétés par le gouvernement islamo-conservateur et les drapeaux turcs seront en berne jusqu'à samedi. Lors de sa conférence de presse, organisée vingt-quatre heures après la déflagration, le Premier ministre a affirmé que la mine avait été récemment inspectée et qu'elle est «aux normes du point de vue de la santé et sécurité de travail»,