La première fois qu'on l'a croisée, on a été bluffé. C'était en janvier, dans une petite salle du IIe arrondissement de Paris. Ska Keller participait alors au débat «français» de la primaire de désignation des «cocandidats» écologistes à la Commission européenne. A l'aise, sûre d'elle, la jeune femme répondait avec quelques mots français, puis dans un anglais parfait, aux questions des élus, militants et sympathisants écolos français présents : droits des migrants, investissements dans la transition énergétique pour relancer l'emploi, lutte contre les paradis fiscaux.
Debout, quand les autres restaient assis, toujours une anecdote en accroche de son intervention pour capter l’attention. De l’humour, le micro, bien droit, collé contre le devant du menton : une petite pro. On s’est dit qu’à son âge, «Franziska» de son prénom, avait déjà tous les codes pour surnager dans le monde politique. Qu’on découvrait peut-être là une représentante de la nouvelle génération née dans le bain de l’Union européenne (UE). Et non issue d’un biotope national. Elle n’avait pas ce qu’on retrouve trop souvent au sein des jeunes générations : des phrases toutes faites et répétées sans réfléchir. Bref, des répliques comme copiées sur leurs aînés. Destructeur.
Ska Keller a su convaincre une majorité des 20 000 sympathisants écolos européens qui ont participé à cette primaire en ligne. A la surprise de leurs dirigeants, ils l'ont désignée, avec le Français José Bové, comme l