Matoula, avocate, touche 600 euros par mois. Elle ne se plaint pas : «J'ai des collègues qui gagnent bien moins.» Avec la crise, les loyers «ont fini par baisser» à Athènes, «mais moins que les salaires». Du coup, ce sont ses parents qui paient pour le logement qu'elle partage avec sa sœur. Eux vivent à la campagne, ils sont fourreurs.
Réservée, souriante, elle explique sortir peu. McDo, elle n'y a jamais mangé. De temps en temps, quand sa sœur ne cuisine pas, elle mange au fast-food grec avec son copain. Matoula espère avoir des enfants, sans forcément passer par la case mariage. Pour faire la fête, l'argent manque, le temps aussi. L'entrain, sans doute. «Je suis angoissée, stressée à cause de la situation économique. C'est de pire en pire et c'est notre principal sujet de conversation avec mes amis : notre quotidien, notre futur… Je travaille neuf heures par jour et j'étudie le soir pour mon master en commerce international.» Grâce à ce diplôme, elle espère pouvoir, sinon partir, au moins s'ouvrir des portes. «Je ne peux pas exercer comme avocate à l'étranger, il me faudrait recommencer à zéro, réapprendre la loi du pays…»
Malgré la rudesse du quotidien, elle assure que «la majorité des Grecs acceptent très bien les étrangers. Une partie de la population a voté pour Aube dorée, par ras-le-bol, en réaction à la crise. Ils regrettent maintenant.» Elle se «sent européenne». «Je suis libre de voyager, d'étudier,