Le petit vendeur de thé. Voici l’image que veut donner de lui le leader nationaliste hindou Narendra Modi, 63 ans, collier de barbe blanche et petites lunettes rondes. Le futur Premier ministre est l’homme du peuple qui s’est fait tout seul, à force de volonté, contre les politiciens de l’élite comme son rival Rahul Gandhi, héritier de la prestigieuse dynastie Nehru-Gandhi. Lui, Narendra, n’est pas né dans une famille politique, mais dans la demeure modeste d’humbles artisans d’une caste hindoue de huiliers de la ville de Vadnagar, dans le Gujarat.
Cet Etat côtier de l’Ouest, qui partage une frontière avec le Pakistan, est une terre de commerçants et d’industrieux. En plus du travail familial de pressage de l’huile, le père Modi a un stand de thé à la gare locale. Il doit arrondir ses fins de mois pour entretenir ses six enfants. Tôt le matin, avant d’aller à l’école, le petit Narendra vient lui prêter main-forte pour servir le thé aux passagers des trains.
A l’adolescence, le jeune homme est attiré par les prêches du mouvement hindou d’extrême droite de la Rashtriya Swayamsevak Sangh, sorte d’organisation paramilitaire ultranationaliste (RSS). Créée dans les années 20, sur le modèle des extrêmes droites européennes, la RSS défend la suprématie hindoue contre l’islam et la laïcité (c’est l’un de ses membres qui assassinera le Mahatma Gandhi en 1948). Le jeune Narendra se passionne pour cette idéologie et suit l’ascèse rigoureuse prônée par le mouvement : végétar