«Jamais je n'accepterai d'aller au gouvernement sans passer par des élections.» C'était début février. Maire de Florence et tout nouveau secrétaire du Parti démocrate (PD) à l'issue de primaires remportées avec près de 70% des suffrages, Matteo Renzi assurait son camarade de parti et président du Conseil, Enrico Letta, de son soutien. Trois semaines plus tard, Renzi défenestrait, à froid, Letta, au nom de la nécessité du «changement» et du besoin de réformes. «Les européennes sont un passage très délicat pour lui. Matteo Renzi a besoin de faire oublier les conditions de son arrivée aux affaires», assure Roberto D'Alimonte, professeur de sciences politiques à l'université Luiss. Le plus jeune chef du gouvernement de l'UE, âgé de 39 ans, cherche à travers le scrutin du 25 mai une confirmation que sa stratégie de mettre au rancart la vieille gauche et d'avancer tête baissée dans les réformes est approuvée par les Italiens.
Pour l'heure, Renzi, avec son optimisme forcené et ses promesses en rafales - à commencer par la distribution de 80 euros mensuels aux 10 millions d'Italiens les plus pauvres (soit 10 milliards par an) -, continue de séduire dans les sondages. Quelque 52% des Italiens lui font confiance. Il est l'homme politique le plus populaire de la péninsule. «Mais il faut désormais que ces études d'opinion se traduisent en termes électoraux», précise Gianfranco Pasquino, politologue et ancien sénateur démocrate.