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Libération
Décryptage

Les Tatars de Crimée craignent pour leur avenir

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publié le 18 mai 2014 à 19h46

Les Tatars de Crimée seront-ils contraints à un nouvel exode après l'annexion de la péninsule par la Russie ? La question n'est en rien rhétorique après l'annulation, par un décret interdisant toute «action de masse» jusqu'au 6 juin, du grand rassemblement qui devait marquer ce week-end à Simféropol le 70e anniversaire de leur déportation par Staline.

Pourquoi cette peur ?

Depuis la conquête russe de la péninsule en 1792, les Tatars de Crimée, une population sunnite et turcophone descendue des steppes d'Asie centrale avec les Mongols, ont connu deux vagues de déplacements forcés, la première sous le tsarisme, la seconde sous le communisme. La première, au XIXe siècle, les refoule vers l'Empire ottoman, la seconde se produit le 18 mai 1944, quand Staline décide de punir ce peuple, dont une minorité a collaboré avec les nazis, pour complicité avec l'ennemi. Comme les Tchétchènes et les Ingouches dans le Caucase, les Tatars ont eu alors quelques heures pour se préparer avant d'être déversés par camions et trains sur les terres arides d'Asie centrale. Selon les associations tatares, 46% des déportés sont morts en cours de route.

Quand sont-ils retournés dans la péninsule ?

Un décret autorisant leur retour en Crimée a été signé en 1967 (contre 1957 pour les Tchétchènes et les Ingouches). Il n’a pas été suivi, ce qui a provoqué un fort mouvement de contestation parmi les descenda