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Libération
EDITORIAL

Opacité

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publié le 18 mai 2014 à 19h56

Dans quelle galère la Commission et ses Etats membres se sont-ils embarqués en se lançant, en juin 2013, dans la négociation d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis ? Un an avant un scrutin qui laissait déjà présager une forte poussée de la peur et du désir de repli sur soi, ils auraient voulu donner des armes aux eurosceptiques qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. De quoi s'agit-il ? D'une négociation entre une puissance, l'Europe, ayant adopté des normes (nombreuses) très protectrices du consommateur, et une autre, les Etats-Unis, bien moins normative et privilégiant nettement les entreprises. Si les deux parviennent un jour à s'entendre, ce sera forcément à mi-chemin, ce qui signifie que l'Europe devra lâcher certaines règles considérées comme de vraies avancées pour ses citoyens. Le but de l'opération étant d'élaborer des normes communes qui s'imposeront ensuite aux pays émergents. Le problème, c'est que ce projet a été discuté dans une telle opacité et si mal expliqué par les pouvoirs politiques (à la tête des Etats comme de Bruxelles) que le rejet monte aujourd'hui de partout : d'Europe comme des Etats-Unis, où les syndicats et les ONG sont vent debout (lire page 5). Ce ne serait pas dramatique (après tout, il reste un an pour négocier, voire plus) si les élections européennes n'avaient lieu dimanche, radicalisant les positions. La connaissance étant la meilleure arme contre la peur et l'hystérie, Bruxelles aurait tout intérêt à reprendre vite l