Il veut quand même y croire, sillonnant sans trêve le pays pour regagner son siège de député européen. Carrure de déménageur désormais voûtée par les ans, Corneliu Vadim Tudor, fondateur et leader charismatique du parti de la Grande Roumanie (PRM, Partidul Romania Mare), a même failli ne pas pouvoir se représenter en raison d'un «putsch» interne et des difficultés à recueillir le nombre requis de signatures pour déposer sa candidature. «C'est la preuve que je les dérange beaucoup, ils ont tenté de m'arrêter en amont pour ne pas se compliquer la vie en volant les suffrages», assure de sa voix de stentor ce poète et historien fort en gueule, ancien chantre des époux Ceausescu reconverti depuis un quart de siècle dans un populisme imprécateur et xénophobe. «Ils», ce sont, pêle-mêle, les «politiciens pourris qui ont pillé le pays», les juifs, les membres de la minorité hongroise, les Américains.
«Il faut gouverner la Roumanie à la mitrailleuse», clamait-il au temps de sa splendeur, appelant «à des exécutions publiques dans les stades pour les corrompus». Ces formules plaisaient, même si personne ne prenait trop au sérieux les provocations verbales de celui qui fut l'ami de Jean-Marie Le Pen. Les deux hommes sont en froid depuis que Tudor l'a prié - sans succès - d'intervenir auprès de la néo-fasciste italienne Alessandra Mussolini pour qu'elle cesse de traiter les Roumains de «voleurs et mendiants». A l'automne 2000, Tudor rem