Cet air de la guerre, à propos de l'Ukraine, qui s'insinue jusque dans nos médias, invisible et toxique, comme les particules fines. Oui, chez nous. Car on a beau jeu de se moquer de la propagande de guerre russe. De fait, on s'en moque beaucoup. C'est un des sujets préférés du Petit Journal, de montrer les chaînes russes d'info continue, le bourrage de crânes des manchettes des journaux russes, le martelage russe à propos des «néonazis» de Kiev, les truquages de photos sur Twitter pour rajouter des croix gammées sur les chars ukrainiens, ou encore les intimidations des maires «autoproclamés» prorusses du Donbass, à l'égard de la presse, nationale et internationale.
Oui, la propagande russe est éhontée, grossière, condamnable.
Mais la nôtre ?
Il faut reconnaître qu’elle est souvent plus fine. Et plus indécelable, du seul fait que nous y baignons. Ainsi, quand nos médias, justement, évoquent les «maires autoproclamés» prorusses, ils ont évidemment raison. Ces maires, ces nouvelles autorités, ont bien été «autoproclamés». Ils n’ont été élus par personne. Mais à ce compte-là, ne faudrait-il pas aussi parler du «gouvernement autoproclamé» de Kiev, ce gouvernement qui ne résulte pas non plus d’élections, mais du renversement d’un gouvernement légitime ? Mais non. Pas touche aux héros de Maidan !
Il arrive pourtant que la propagande pro-ukrainienne s'exerce chez nous de manière plus grossière, à la russe, si on ose dire. Les plus anciens se souviennent, lors de l'inv