L'Europe a un numéro de téléphone : celui de la chancellerie à Berlin. Et un visage : celui d'Angela Merkel déjà saluée huit fois ces dix dernières années comme «la femme la plus puissante du monde» par le magazine américain Forbes. Plus que le président de la Commission, José Manuel Barroso, celui du Conseil, Herman Van Rompuy, ou que la «ministre des Affaires étrangères de l'UE», Catherine Ashton, Angela Merkel incarne la réalité du projet européen à la tête d'un pays qui en est la première puissance économique. Les Américains discutent avec elle du destin de l'euro. «Mutti», comme la surnomment ses concitoyens, est aussi l'interlocutrice privilégiée de Pékin, où elle s'est rendue six fois, et tous les ans un Conseil des ministres commun réunit chinois et allemands. Elle parle directement avec Vladimir Poutine en russe ou en allemand à propos de la crise ukrainienne. Vouée aux gémonies par une partie des opinions de l'Europe du Sud victime des cures d'austérité, cette dirigeante qui revendique être la seule à avoir visité les 28 pays de l'Union n'en reste pas moins la référence obligée pour tous ses partenaires. Le centre de gravité de l'Europe s'est déplacé de Bruxelles à Berlin. Cette réalité n'a jamais été aussi évidente alors même que le couple franco-allemand est de plus en plus déséquilibré par l'affaiblissement politique du président Hollande et la panne de l'économie française.
«Médaille». L'incontestable leadership eur