Les Thaïlandais renouent avec la tradition de l'intervention des militaires en politique. Hier à l'aube, le chef de l'armée de terre, le général Prayuth Chan-ocha a décrété la loi martiale, sans consulter le gouvernement civil, afin de «restaurer la paix et l'ordre pour les gens de tous les bords». Il a tenu à préciser qu'il ne s'agissait «pas d'un coup d'Etat». Mais pour les Bangkokois, les images des véhicules blindés devant les chaînes de télévision et des hommes en uniforme lisant des communiqués sur le petit écran sont familières. La Thaïlande a connu 18 coups d'Etat depuis l'abolition de la monarchie absolue en 1932, le dernier en 2006.
Inextricable. A leur décharge, les militaires ont donné l'impression cette fois-ci d'agir avec la plus extrême réticence. Depuis novembre, la Thaïlande est en proie à une crise politique inextricable qui oppose les partisans de l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra à ses détracteurs, lesquels manifestent sans relâche dans les rues de la capitale. Yingluck et neuf de ses ministres ont été destitués pour abus de pouvoir par la Cour constitutionnelle, le 7 mai. Depuis, le pouvoir semblait quasi vacant alors que les «Chemises rouges» - partisans du clan Shinawatra - et leurs ennemis tenants de l'establishment traditionnel - appuyé par la bureaucratie, la magistrature et l'entourage du palais royal - menaçaient de s'affronter.
L’entrée en scène des militaires n’a pas bouleversé la vi