Bienvenu, le chauffeur que tu connaissais bien, a téléphoné à plusieurs confrères ces derniers jours pour leur témoigner sa solidarité, et, surtout, pour leur dire qu'il s'engageait à faire au plus vite toute la lumière sur les circonstances de ta mort [Camille Lepage, photoreporter, a été assassinée le 13 mai, ses obsèques ont eu lieu hier, ndlr]. Il en fait une affaire personnelle. Comme tous les autres chauffeurs centrafricains qui véhiculent les journalistes, mais aussi comme nos fixeurs, Bienvenu a conscience que tu as été la première photoreporter indépendante à t'intéresser à son pays. Tous t'en sont infiniment reconnaissants.
Déjà, en octobre, bien avant les attaques sanglantes de décembre, tu arpentais Bangui et la province, seule avec tes boîtiers et ta seule volonté de témoigner. Tu as ouvert la voie à d’autres free-lances qui, comme moi, débarquaient dans le pays. Tu ouvrais volontiers ton répertoire téléphonique, faisais circuler les infos, tu motivais les troupes. Je ne crois pas t’avoir jamais entendue te plaindre de la dureté de ce travail, de l’immense investissement qu’il représente.
En commande ou pas, tu te levais chaque jour avant les premiers rayons du soleil et réveillais parfois tes sources pour savoir si la nuit avait été calme. Elle l’était rarement, alors, tu trouvais en vitesse un moyen de te rendre sur les lieux. Sur le terrain, ton courage et ton engagement forçaient le respect. Tu étais entièrement et passionnément dévouée à couvrir ce c