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Libération
Paroles d'Européennes (4)

«Cela a été une très grande chance pour nous de pouvoir adhérer à l’UE»

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Comment les femmes voient-elles l'Europe ? «Libération» poursuit son tour de l'UE avec la Polonaise Anna Hryniewiecka, 50 ans.
Anna Hryniewiecka, photographiée par elle-même.
publié le 21 mai 2014 à 15h25

Anna Hryniewiecka, 50 ans, dirige le grand centre culturel Zamek de Poznan, en Pologne.

«Si je me compare jeune durant le communisme et aujourd’hui, vivant en Europe, je me sens beaucoup plus sûre de moi, à ma place, sans complexe. Avant, je me demandais toujours comment l’étranger en face de moi me voyait. J’avais un complexe. On vivait dans un pays communiste, un pays considéré comme en retard, un peu comme un enfant. On avait un peu honte, on était timide.

C’était très typique des Polonais. Durant le communisme, on pensait toujours qu’on était bien éduqués, qu’on connaissait et qu’on appartenait à la culture européenne. Mais on n’osait pas trop le montrer, on était comme effrayé.

La jeune génération, celle à laquelle appartiennent mes filles, a de multiples contacts à travers l’Europe, voyage beaucoup. Elle n’a pas peur, elle n’est pas timide. Moi, je me souviens lorsque j’ai débarqué à Paris pour la première fois, en 1983… Je parlais déjà français car ma grand-mère a étudié à la Sorbonne. J’étais venue pour six semaines, tout l’été, en tant qu’employée de maison dans une famille polonaise émigrée vivant près du Champ-de-Mars. Un jour quand je suis entrée dans un magasin, j’ai eu envie de vomir. C’était trop, je n’arrivais pas à le supporter. Je me disais: ils sont riches en tout, mais nous, si on ne consomme pas tant, on est riche intellectuellement. Et c’est vrai, durant le communisme, on passait beaucoup de temps à lire.

Si nous n’étions pas dans l’Europe, ce serait différ