Le sprint final des élections du 25 mai n'en aura pas levé toutes les ambiguïtés. D'un côté, les plaidoyers en faveur d'un bond fédéral font du «populisme» l'ennemi principal, et semblent croire que l'Union européenne (UE) peut sortir de sa crise par une simple rationalisation de son fonctionnement, sans toucher aux fondements ni aux rapports de pouvoir. De l'autre, les critiques de la construction européenne, en tant que «machine» de la mondialisation néolibérale dans le Vieux Continent, n'évitent pas toujours la contamination par le souverainisme, entretenant l'illusion d'un retour aux frontières d'antan et nourrissant les xénophobies de toute sorte. L'idée d'une refondation de l'Europe, sur des bases révolutionnaires et en vue d'un développement solidaire, bénéficiant à tous ses peuples et permettant d'infléchir le cours de la mondialisation, peine à émerger comme une alternative crédible et cohérente, au niveau des contenus comme des rapports de force qui pourraient l'imposer.
Cela tient à ce que les élections présentes, malgré le pouvoir dévolu à Strasbourg de trancher sur la présidence de la Commission, ne suffisent pas à convaincre les citoyens qu'ils auront leur mot à dire dans les politiques de Bruxelles. Cela tient aussi à ce que les politiques travaillent de toutes leurs forces à consolider l'alternative sans issue : ou «concurrence libre et non faussée» ou retour des nations «souveraines». Et les forces issues de la «société civile» ont