En septembre 1969, le colonel Muammar al-Kadhafi renverse le pouvoir. Quarante-quatre ans et neuf mois plus tard, c'est au tour d'un général à la retraite, Khalifa Haftar, de s'y essayer. Là où son prédécesseur avait réussi en une journée et sans effusion de sang, le septuagénaire n'a pas encore gagné, alors que les affrontements ont déjà fait plus de 80 morts. Sur la scène politique kaléidoscopique de la Libye postrévolutionnaire, le natif d'Ajdabiya est apparu tardivement et comiquement avec le «coup d'Etat de la Saint-Valentin». Le soir du 14 février, il annonce à la télévision qu'il suspend les activités du Congrès national et du gouvernement. Sur le terrain, rien : ni soldat ni tank. Khalifa Haftar est alors la cible de toutes les moqueries. Mais l'homme a déjà un passé et un passif.
Humiliation. En 1969, il participe au putsch qui amène le Guide au pouvoir. Sous la Jamahiriya («Etat des masses» de Kadhafi), Khalifa Haftar atteint le grade de général. Entre 1986 et 1987, le membre de la tribu al-Ferjani commande une partie de l'armée libyenne qui occupe la bande d'Aouzou, à la frontière avec le Tchad. A cette époque, les jeunes Libyens sont enrôlés par vagues. «J'ai vu des camions venir chercher des jeunes de 17-18 ans à la sortie de l'école pour les emmener au Tchad et y mourir. Et Haftar était le chef», se rappelle Salah al-Bakoush, cofondateur du parti politique Union pour la patrie, viscéralement opposé au desse