Eugenia Relaño Pastor, 42 ans, est juriste pour un organisme public à Madrid.
«On parle beaucoup de l’Espagne comme d’un des rares pays du Sud ayant réussi à implanter l’égalité entre les hommes et les femmes. Je ne nie pas qu’il y a eu une volonté politique, surtout sous le socialiste Zapatero. Mais cela n’a pas été traduit dans les faits. La loi sur l’égalité de 2010 n’a pas éliminé les obstacles pour parvenir à la parité dans l’administration publique, les organismes culturels, encore moins dans le monde des entreprises. Malheureusement, cela n’a pas été pris au sérieux.
Il suffit de regarder, par exemple, les prix littéraires, le Cervantes, le Prix national, pas une seule femme. Celles-ci sont confinées à la littérature infantile, ce qui en dit long. Par ailleurs, les coupes budgétaires dans la recherche touchent surtout les femmes. La politique des quotas n’a pas non plus fonctionné, car on a confondu le mérite et le genre, et les cas de femmes incompétentes promues renforcent les arguments machistes.
On pourrait poursuivre la liste : dans les entreprises, aucun effort n’a été fait pour la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Combien de garderies dans les sociétés ? En sport, les championnats féminins de basket et de handball ne sont pas retransmis sur les chaînes publiques. On ne compte pas une seule directrice de rédaction dans les quatre principaux quotidiens du pays. Au lieu des 40% recommandés par la législation, un petit tiers de ministres et des dépu