Avant la zone euro, la zone apéros. Voici quelques mixtures héritées de la petite comme de la grande histoire européenne. A vos shakers.
Le Spritz, Venise à l’ère autrichienne
Vous promenant aux bords des canaux de Venise aux heures apéritives, vous pourrez voir briller sur les tables des bars la couleur orangée d’un cocktail au nom singulier : le Spritz. Si aujourd’hui ce mélange de douceur et d’amertume a largement dépassé les frontières de l’Italie, il nous ramène à une certaine époque de son histoire.
Après avoir été sous le règne de Napoléon, un temps souverain du royaume d’Italie, la Vénétie entre dans le giron de l’Autriche de 1815 à 1866. Loin de leur patrie, les soldats en stationnement à Venise ne perdent pas pour autant l’habitude de fréquenter les bars. Mais habitués aux vins blancs légers de leur pays d’origine, ils trouvent les vins italiens trop alcoolisés à leur goût. Pour remédier à ce problème presque culturel, les soldats prennent l’habitude de demander l’ajout d’un peu d’eau de Seltz, une eau pétillante, afin d’alléger leur boisson.
De cette injection (spritz en allemand), naît la version originale du désormais fameux cocktail. Ce n'est que bien plus tard que les Italiens, comme un acte tardif de résistance, incorporèrent quelques centilitres d'amaro, liqueur amère à base de plantes.
Pour le déguster : 6 cl de vin blanc italien (souvent un pétillant du type prosecco) ; 4 cl de Campari (ou Aperol, selon les goûts) ; 4 cl d’eau gazeuse ; 1 demi-tranche d’orange. Servir très frais.
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