Si «l’Europe des peuples» est encore largement une fiction, «l’Europe des Etats», elle, est une réalité : contrairement à une croyance largement répandue, ce sont les gouvernements qui sont à la manœuvre à Bruxelles et non pas des eurocrates forcément surpayés. On risque de s’en apercevoir une nouvelle fois dans les prochaines semaines avec la nomination du nouveau président de la Commission européenne - le véritable enjeu des élections du 25 mai. Selon l’issue de cette bataille, le déficit démocratique dont souffre l’Union sera soit en partie comblé, soit renforcé.
Les partis politiques européens, en présentant des candidats à la succession de José Manuel Durão Barroso, l’actuel patron de l’exécutif communautaire, cherchent à forcer la main du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement : selon les traités, les députés européens doivent seulement approuver (ou non) le candidat présenté par les gouvernements. Cette véritable tentative de putsch constitutionnel vise à clarifier les responsabilités politiques. En effet, les citoyens ne savent pas qui dirige l’Union : une Commission composée de personnalités désignées par les Etats et donc non élues ? Les mystérieux Conseil européen, Conseils des ministres ou Eurogroupe, dont beaucoup ignorent qu’ils sont composés des chefs de gouvernement ou des ministres nationaux ? Le Parlement européen, dont une majorité pense encore qu’il n’a aucun pouvoir ?
«Tina». En faisant du président de la