Mené au pas de charge, soigneusement minuté, le voyage du pape François, de samedi à lundi, à Amman, Bethléem et Jérusalem, s’annonce à haut risque et alimente les frustrations de tous bords.
Les chrétiens de la région regrettent ainsi qu'il ne se rende pas en Galilée, tandis que les autorités de l'Etat hébreu déplorent le peu de temps qu'il passera en Israël. Pour désamorcer les polémiques, le chef de l'Eglise catholique, lui, a dit et redit qu'il s'agissait là d'un «pèlerinage» et d'un déplacement «strictement religieux». Certes. Mais les détails du voyage sont déjà scrutés comme autant de gestes à haute teneur politique. Côté palestinien, on se réjouit d'ores et déjà que de la Jordanie, le pape arrivera dimanche en hélicoptère directement à Bethléem, en territoire palestinien, sans passer d'abord par Tel-Aviv.
Rapprochement. De fait, le voyage papal, au moins sur le papier, a bel et bien d'abord une visée religieuse, celle de commémorer la rencontre historique qui eut lieu, il y a cinquante ans, entre Paul VI, le premier pape catholique à se rendre à Jérusalem, et le patriarche orthodoxe de Constantinople Athénagoras. A l'époque, l'événement avait scellé le rapprochement entre le catholicisme et le christianisme orthodoxe, divisés depuis le XIe siècle. François et Bartholomée, le successeur d'Athénagoras à la tête du patriarcat, vont rejouer la scène, dimanche soir, au Saint-Sépulcre, lieu supposé du tombeau