Député européen de 1989 à fin 2007, le centriste Jean-Louis Bourlanges, ancien vice-président de l'UDF, enseigne aujourd'hui à l'Institut d'études politiques de Paris. Il plaide pour un élargissement de la sphère des compétences communautaires, «infiniment plus limitée qu'on ne le dit».
Le fossé ne cesse de se creuser entre l’Europe et ses citoyens. Est-ce le reflet d’un déficit démocratique de la construction communautaire ?
Non, ce dont souffre l’UE, c’est d’un déficit de substance. L’Europe technocratique de Jean Monnet est morte à Maastricht. Désormais, le président et les membres de la Commission, qui ne sont pas des «fonctionnaires apatrides» mais des responsables politiques, comme par exemple Michel Barnier, sont investis, contrôlés et, le cas échéant, censurés par le Parlement européen. Les directives sont adoptées en codécision par le Conseil des ministres de l’UE, représentatif des Etats, et par le Parlement, représentatif des peuples. On peut bien sûr aller plus loin et faire mieux. Mais les parlementaires européens ont, dans la sphère de compétences de l’Europe, infiniment plus de pouvoir et de liberté que des parlementaires nationaux, qui se divisent en deux catégories : ceux de l’opposition qui ne sont pas au pouvoir et ceux de la majorité qui ne sont pas au gouvernement. Les premiers contestent, les seconds obéissent. Tous gémissent.
Le vrai problème, c’est la sphère des compétences communautaires, infiniment plus limitée qu’on ne le dit. L’essentiel des responsabilités politiques demeure de la compétence quasi exclusive des Etats : le budget, les impôts, le droit du travail, la protection so