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Libération
Reportage

Dans l’est de l’Ukraine, vote et bruit de bottes

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Bureaux fermés, milices dans les rues… l’élection présidentielle s’est déroulée dans la peur, hier, du côté des régions séparatistes.
publié le 25 mai 2014 à 22h26

Les hommes sont nerveux. La chaleur monte par vagues de l’asphalte brûlant. Derrière les sacs de sable, des mitrailleuses lourdes sont en position, pointées sur les automobilistes qui sortent de Donetsk. Depuis quelques semaines, les séparatistes ont considérablement renforcé leurs positions autour de la capitale du Donbass. L’Ukraine élisait hier son nouveau président mais, dans les villes sous contrôle des miliciens prorusses, les bureaux de vote ont progressivement été condamnés ces derniers jours. A Donetsk, un seul centre a pu ouvrir ses portes dans un lycée professionnel. Exactement sept minutes, le temps qu’une vingtaine de séparatistes dispersent les électeurs qui avaient eu le courage de se rendre aux urnes. Par la force et par la peur, la ville est réduite au silence.

La route M04 remonte en ligne droite vers le nord-est, en direction de la grande ville de Dnipropetrovsk. Quelques villages, parfois la haute cheminée d'une usine qui vient couper les forêts et les champs qui s'étendent à perte de vue. Sur un pont qui enjambe une petite rivière, les rebelles ont installé une seconde position. Quatre ou cinq miliciens en tee-shirts portent leurs kalachnikovs en bandoulière. En contrebas, des carcasses de voitures calcinées témoignent de combats récents. Encore quelques kilomètres et apparaît le premier poste de police ukrainien. Personne ne sait vraiment pour qui travaillent ces hommes. Pour le gouvernement central ? Pour la «république populaire de Donetsk», qui a décl