ABethléem, la profusion de décor souhaitant la bienvenue au pape dans les rues de la petite ville palestinienne était à la mesure de l'attente assoiffée que ses habitants chrétiens placent dans la visite du pape qui pourrait, l'espèrent-ils, faire résonner leurs doléances. Si François a souligné l'aspect «strictement religieux» de son voyage, les habitants de la région se chargent de le plonger dans la réalité. Son arrivée à Bethléem directement après la Jordanie, avant de se rendre en Israël, a réjoui les autorités palestiniennes : «C'est une forme de reconnaissance de la Palestine», s'est exclamé Jamal Khader, porte-parole pour la partie palestinienne de la visite.
Au moment où le processus politique entre Israéliens et Palestiniens est bloqué et que le quotidien à Jérusalem est devenu un casse-tête pour ses habitants arabes, les chrétiens de Cisjordanie attendent du pape des paroles miracles pour faire bouger les lignes. En parallèle à la montée de l’islamisme dans la région, l’absence de solution au conflit pousse de plus en plus les chrétiens à l’exil. En terre sainte, leur nombre se réduit comme peau de chagrin : encore 250 000 en Jordanie (sur 7 millions), ils sont 50 000 en Cisjordanie, soit 2,2% de la population, ils ne sont plus que 1 300 à Gaza et 125 000 en Israël. Les résultats d’un sondage mené par le sociologue Bernard Sabella montrent que 62% des Palestiniens chrétiens de Jérusalem seraient prêts à faire leurs valises.