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Nicaragua : la Diablesse et le Président

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Il y a trente ans, Daniel Ortega était un révolutionnaire d’extrême gauche. Aujourd’hui, il exerce sur le pays une quasi-dictature avec sa femme, une excentrique qui se rêve en mère du peuple.
Une fresque représentant Daniel Ortega sur un mur de Managua. (Photo Oswaldo Rivas. Reuters)
publié le 25 mai 2014 à 18h06

Les autorités les ont baptisés «arbres de vie». Pourtant, quiconque passe à proximité est assailli par une sensation de malaise : ces colosses métalliques jaunes de 14 mètres de haut pour 6 mètres de large semblent vous dominer sans bienveillance aucune. Entre la plaza de la Fe et l’avenue Bolivar, on en dénombre vingt-six - une quarantaine dans tout Managua -, plantés au bord de la route ou trônant au beau milieu des ronds-points.

Agrémentés de guirlandes multicolores, ils s'illuminent la nuit. «On a de la chance de vivre au Nicaragua, c'est Noël tous les soirs, ici !» ricane un hôtelier. Un arbre de vie a aussi été planté sur la colline de Tiscapa, au beau milieu de la capitale, dépassant d'une bonne tête la statue de bronze d'Augusto Sandino, ce guérillero assassiné en 1934 durant la dictature de Somoza et qui, trente-quatre ans après la révolution qui porte son nom, continue d'être l'icône officielle du régime.

Ces extravagances kitsch portent la signature de la première dame du pays, Rosario Murillo, alias madame Daniel Ortega. Dans ce pays très pauvre (en Amérique, seul Haïti est moins riche), où 40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, ces rangées d’arbres en acier auraient coûté la bagatelle de 800 000 dollars (583 000 euros) - sans compter la facture d’électricité mensuelle de 10 000 dollars (7 287 euros) - et nécessité l’abattage de dizaines de (vrais) arbres.

Symboles mayas et esthétique New Age

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