«La poussée du FN n’est pas une grande surprise, vu le mécontentement et le rejet que provoque le président Hollande. Celui-ci se trouve dans un cas de figure très critique et difficile. Je pense néanmoins que, pour lui, la situation n’est pas désespérée. A condition qu’il engage vraiment des réformes économiques et sociales. Mais il faut qu’il sorte des recettes de la vieille gauche et qu’il s’inspire de la rupture de Matteo Renzi.

«Si, en France, l’effondrement des socialistes ne profite pas vraiment à la droite mais plutôt au Front national, c’est parce que les droites européennes appartiennent elles aussi au passé. Au niveau du continent, seule Angela Merkel résiste un peu mieux. Mais, de manière générale, la crise des socialistes et des socio-démocrates en Europe correspond à celle des conservateurs. Depuis Reagan et Thatcher, la droite n’a rien produit, elle non plus, comme nouvelle pensée politique.

«Ces deux familles, socialiste et conservatrice, sont en crise depuis vingt ans - c’est-à-dire depuis la chute du mur de Berlin. Elles n’ont pas réinventé une culture politique. Elles tiennent de vieux discours. Le grand problème, aujourd’hui, c’est que la crise de ces deux familles politiques provoque celle de l’unité européenne.

«Nous sommes désormais à un tournant : soit ces deux familles comprennent les raisons de leur crise, soit c’est l’écroulement. Et l’élément fondamental, pour la droite comme pour la gauche, c’est d’avoir une idée d’Europe et d’en finir avec cette un