On croyait l’élection jouée d’avance, l’affaire pliée. Mais une inconnue est venue gâcher la fête. L’abstention massive a fait irruption dans la présidentielle égyptienne. Au soir du premier jour de vote, lundi, les autorités faisaient pâle figure. Les écoles transformées en bureau de vote étaient presque vides. L’agitation se faisait ailleurs : dans les pick-up crachant en boucle la musique de l’Emirati Hussein al-Jasmi appelant à une mobilisation massive, et avec les quelques supporteurs d’Al-Sissi alpaguant les badauds, à grand renfort de drapeaux et de «CC» peinturés sur les joues, pour les inciter à aller voter.
Une exaltation réservée à quelques rues, qui cachait mal le peu d'enthousiasme des Egyptiens. A l'issue du deuxième jour de scrutin, la participation était estimée à 37%. «C'est un problème pour Al-Sissi, il tablait sur 40 millions de votants en sa faveur, on est bien en dessous, affirme Hassan Nafaa, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire. Si la participation ne fait pas un bond, il va être élu président mais avec un réel manque de légitimité.»
«Revers». «A l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur, il va perdre un poids considérable», renchérit le journaliste politique Samar al-Galam. Car le nombre absolu de votes en faveur de l'ex-maréchal, promis à la présidence, s'annonce bien inférieur à celui des électeurs de Mohamed Morsi, premier chef de l'Etat élu démocratiquement, en