Le marché de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, a repris des couleurs. On y vend des mangues, des carcasses de bœufs suspendues sous les 45 degrés ambiants, des tapis de prières et des draps à l’effigie de Manchester United. Les vendeurs de journaux exposent les unes du matin : un double attentat de Boko Haram a fait près de 120 morts dans un marché de Jos, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Les autorités locales, ne sachant quoi faire des morceaux de corps entassés dans les morgues, ont décidé de les enterrer dans une fosse commune, en secret. Un scandale politique de plus au Nigeria, qui n’émouvra les foules que le temps d’un article.
Revêtues de leurs longs hijabs colorés, des femmes jettent des coups d’œil furtifs aux photos macabres étalées sur le trottoir. Maiduguri aussi a connu les bombes, les coups de feu et les égorgements. C’est dans cette ville de 3 millions d’habitants que Mohamed Yusuf a fondé le mouvement de Boko Haram en 2002. C’est ici aussi que s’était replié son successeur, Abubakar Shekau, avant de disparaître des radars et d’échapper à la surveillance des drones.
Une citadelle de sable en bordure du Sahel
L’année dernière encore, personne n’osait sortir dans les rues de Maiduguri. Le fief de Boko Haram a perdu des dizaines de milliers d’habitants. Mais, depuis quelques mois, les murs défoncés par les attentats ont été recouverts par les portraits du gouverneur de l’Etat de Borno. Le visage grave de Kashim Shettima est omniprésent dans la ville. Il a repr