Face à la menace grandissante posée par Boko Haram au Nigeria voisin, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, insiste sur la dimension socio-économique du conflit.
Le problème Boko Haram est-il strictement militaire ?
A court terme, la réponse est forcément sécuritaire, mais à long terme elle est économique et sociale. L'enjeu, c'est notamment de rétablir l'écosystème du lac Tchad, dont la superficie est passée depuis les années 60 de 25 000 km2 à 2 500 km2 aujourd'hui. Cela concerne tout de même 30 millions de personnes, réparties entre le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun ! Il faut tout faire pour éviter une catastrophe écologique qui concernerait l'ensemble de la planète. La disparition du lac aggraverait encore les problèmes de pauvreté et le radicalisme religieux dans la région.
Est-ce sur ce terreau de pauvreté que prospère Boko Haram ?
La pauvreté est l'alliée principal du terrorisme. La plupart de ses recrues sont des jeunes déclassés, au chômage. Ce groupe a commencé à s'implanter dans les villages. Ses premiers dirigeants, qui étaient des urbains, avaient lancé un appel au retour à la terre, et c'est ainsi qu'ils se sont constitués, au début des années 2000, une base socio-économique : en ciblant les gens qui étaient exclus des réseaux d'affaires et administratifs au Nigeria. Boko Haram est un mouvement rural, en rupture avec les élites politiques et religieuses traditionnelles, avec un islam notabilisé, instauré à la fin du XVIIIe siècle et qui avait cours dans toute la région jusque dans les années 70, où sont apparus de nouveaux co