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Libération
EDITORIAL

Terreur

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publié le 28 mai 2014 à 20h06

L'enlèvement de plus de 200 jeunes filles à la mi-avril a mobilisé la planète entière, de Michelle Obama à Angelina Jolie, de Valérie Trierweiler à Carla Bruni. Braquant l'attention du monde sur le Nigeria, un Etat aussi riche que failli. Ce kidnapping n'était que la plus spectaculaire opération d'un groupe barbare qui tue depuis des années par dizaines des Nigérians dans une totale indifférence, faisant exploser des bombes sur les marchés, brûlant des villages entiers, massacrant les chrétiens ou les musulmans modérés, visant particulièrement les écoles et les femmes. Le nom même de Boko Haram dénonce les livres et l'enseignement comme «haram» : interdit et infidèle. La secte se réclame de l'internationale islamiste mais ses racines sont avant tout locales.

Ce groupe met en échec depuis des années l'appareil d'Etat dévasté et corrompu du Nigeria. La police n'a même pas été capable de donner un chiffre fiable des jeunes filles enlevées tandis que l'armée ne semble avoir aucune piste pour les retrouver ou poursuivre les terroristes. La secte règne par la terreur mais sait aussi attirer les jeunes hommes déclassés et exclus du boom économique nigérian. L'armée entretient richement ses innombrables généraux tandis que les soldats sans soldes vendent leurs armes aux terroristes qu'ils sont censés combattre. Notre envoyée spéciale, Sophie Bouillon, l'une des rares journalistes à avoir pu se rendre dans ces zones sous la coupe de Boko Haram raconte des villes et des villag