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Brésil, un sérieux contre-Coupe

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Epuisé par des années de choix douteux, de dépenses somptuaires et de négligence sociale, le royaume du football a troqué la joie d’accueillir le Mondial contre la grogne et le dépit.
par Chantal Rayes, Correspondante à São Paulo
publié le 30 mai 2014 à 19h56

Le cœur n'y est pas. A dix jours de la Coupe du monde, qui s'ouvre le 12 juin à São Paulo, c'est le désenchantement au pays du foot. Au lieu des habituels petits drapeaux et des fresques à la gloire de la Seleção, l'équipe nationale, des slogans rageurs barrent les murs : «Une Coupe pour qui ?» interpelle l'un d'eux. Pas pour le peuple, à en croire les manifestants qui défilent jour après jour. «Nous avons des carences sociales énormes, mais on trouve de l'argent pour organiser un Mondial !» s'indigne Guilherme, un étudiant. Beaucoup d'argent même : près de 8,5 milliards d'euros, soit plus du triple de l'édition sud-africaine de 2010 et plus du double des deux précédentes (Allemagne en 2006 et Japon-Corée en 2002), selon le journal O Estado de São Paulo.

Corruption. Le gouvernement de Dilma Rousseff, la protégée de l'ex-président Lula, qui lui a succédé en 2010, a perdu la bataille médiatique. Il a beau expliquer que les retombées économiques seront considérables et que le tournoi ne coûtera qu'une fraction de ce qui est investi dans la santé ou l'éducation, Hugo est sceptique. «Combien d'hôpitaux, d'écoles, de logements aurait-on pu construire avec tout cet argent ?» lance le jeune homme. D'autant que certains stades semblent condamnés à devenir des «éléphants blancs», soit à rester vides après le tournoi. C'est le cas des arènes de Manaus, Cuiabá et Brasília, où le niveau des équipes est trop faible p