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Analyse

Brésil : des progrès, mais une société qui reste fracturée

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Si la grande pauvreté se réduit, les inégalités continuent de se creuser. Parmi les oubliés, les paysans sans terre, que le gouvernement laisse désormais de côté.
Dans l'Etat du Mato Grosso, en 2012. Selon l'Institut national de statistiques brésilien, 43% des surfaces agricoles sont détenues par 1% des propriétaires terriens. (Photo Yasuyoshi Chiba. AFP)
publié le 30 mai 2014 à 20h06

C'est entendu, et répété à l'envi : le Brésil a mis du baume sur ses inégalités ; et les plus pauvres le seraient moins. Michael Porter, de l'université Harvard, l'a ainsi assuré lorsqu'il a présenté, en septembre, un nouveau moyen d'évaluation des pays : l'indice de progrès social. Basé sur 54 indicateurs, il range ainsi le Brésil à la 18e place, loin derrière la Nouvelle-Zélande, mais devant la France, 20e«Un progrès impressionnant plus de vingt-cinq ans après la transition démocratique.»

Injustice. L'un des marqueurs les plus significatifs du Brésil depuis dix ans : la bolsa familia («bourse famille»), programme d'aide sociale (jusqu'à 62 euros par mois) qui, conjuguée à une croissance de 4% en moyenne , a permis de sortir de l'extrême pauvreté environ 35 millions de personnes sur 200 millions d'habitants. Un programme peu coûteux (0,46% du PIB) et efficace. Pour autant, les inégalités structurelles dans l'un des pays les plus inégalitaires au monde (avec l'Inde et la Russie) repartent à la hausse. Ainsi, en 2012, si 4 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, la fortune des 1% les plus nantis a plus gonflé (+10,8% par rapport à 2011) que celle des 10% les plus démunis (+6,6%). Ainsi, après une forte baisse ces quinze dernières années, le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, n'a pas bougé en 2012 : de 0,501 en 2011, il est passé à 0,498, selon l'Institut de statistiques brés