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Libération
Enquête

Les Afrodescendentes face au racisme

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Marquée par des siècles d’esclavage, la société brésilienne reste profondément inégalitaire pour les Noirs et les métis, malgré l’instauration récente d’une politique de quotas.
par Chantal Rayes, (à São Paulo)
publié le 30 mai 2014 à 18h06

En un clin d'œil, la police est là et aborde sans ménagement le jeune Noir qui essaie de forcer la portière d'une voiture. «Relève ton tee-shirt !» lui ordonne un policier pour voir s'il dissimule une arme. La caméra cachée du programme de télé CQC filme la scène. Le «test racisme» se poursuit. L'acteur noir est remplacé par un Blanc. Il ne vient à l'idée de personne qu'il puisse être en train d'essayer de voler la voiture. Elle lui appartient sûrement, il a dû oublier les clés dedans, alors qui penserait appeler les flics ? Des badauds s'approchent même pour donner un coup de main au jeune homme… Racistes, les Brésiliens ? Oui, répondent 91% d'entre eux. Mais quand on leur demande s'ils ont eux-mêmes des préjugés de race, seuls 3% l'admettent. Les racistes, ce sont les autres.

Le Brésil fut le pays le plus esclavagiste du continent américain. Sa population de couleur est de ce fait la plus importante au monde hors d'Afrique. Les Noirs et les métis représentent un peu plus de la moitié (50,6%) des 200 millions de Brésiliens. Ce sont les Afrodescendentes que l'on appelle aussi Negros. Ici, il n'y a jamais eu de ségrégation raciale institutionnalisée, du moins depuis la fin de l'esclavage, en 1888. Le racisme à la brésilienne est même «cordial», selon une formule consacrée. Un racisme voilé, occulté par la chaleur des relations humaines et donc plus difficile à combattre, selon le mouvement noir. «On parle foot ensemble, mais cha