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grand angle

Naufrage du «Sewol»: au pays des matins chagrins

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Six semaines après la disparition de plus de 200 adolescents, la Corée du Sud reste sous le choc. Les manifestations sportives et culturelles sont annulées, l’économie ralentit et la colère monte contre le gouvernement. Un modèle social qu’on croyait inoxydable est remis en question.
publié le 2 juin 2014 à 18h06

On le croise encore partout. Dans les bus, dans les banques, sur les chemises et sur les affiches des candidats aux élections municipales du 4 juin : un ruban jaune à travers lequel les Coréens semblent dire : «Nous n'oublions pas». Peu après le naufrage du Sewol, le 16 avril, ce logo est devenu viral sur les réseaux sociaux. Au départ, il représentait toute la nation qui croisait les doigts pour les quelque 300 passagers coincés dans le ferry sombrant à une vingtaine de kilomètres de la côte sud-ouest de la péninsule. Quand l'espoir de retrouver des survivants s'est envolé, devant l'inefficacité des opérations de secours de l'épave complètement immergée, ce ruban est devenu un symbole à la mémoire des victimes.

Plus d'un mois après la catastrophe, son omniprésence persistante prouve que le pays endeuillé n'est pas prêt à tourner la page. Le bilan s'élève désormais à 288 morts et 16 portés disparus, pour la plupart des lycéens en voyage scolaire. «Le naufrage du Sewol restera dans notre histoire comme une cicatrice difficile à effacer»,a estimé la présidente Park Geun-hye. Si la Corée du Sud a été si profondément choquée par ce drame, c'est, d'une part, parce qu'elle a assisté, impuissante, au naufrage du 6 825 tonnes, puis au lent et insoutenable décompte des victimes.

L'image choquante des secouristes recueillant le capitaine, l'un des premiers à avoir quitté le navire, a été diffusée en boucle sur toutes les chaînes. «On a vu