«On ne connaît peut-être pas la vérité, mais au moins on n'a pas commis d'erreur judiciaire.» Jean-Michel Bouvier, le père d'une des deux jeunes Françaises violées et tuées il y a trois ans dans la province de Salta, dans le nord-ouest de l'Argentine, paraissait exténué mais se disait «serein, calme» à l'issue du procès. Après six semaines d'audiences éreintantes, un seul des trois accusés principaux a été reconnu coupable de vol, viol et double homicide. La peine de perpétuité étant inconstitutionnelle en Argentine, il a été condamné à trente ans de prison tandis que les deux autres suspects ont été acquittés «au bénéfice du doute», selon le tribunal. Deux autres personnes ont été condamnées à deux ans de prison avec sursis pour dissimulation de preuves.
«Il nous faut considérer les preuves, les faits, avait inlassablement scandé Jean-Michel Bouvier, dont la rigueur morale et l'attachement profond à une justice digne, malgré la douleur, ont impressionné la presse argentine. Le doute doit profiter à l'accusé, je préfère un assassin en liberté plutôt qu'un innocent en prison.» Et les preuves, sans équivoque pour condamner Gustavo Lasi, un guide touristique âgé de 27 ans dont l'ADN a été retrouvé sur le corps des deux Françaises et dont le fusil a été utilisé pour les abattre, étaient minces dans le cas des deux autres, qui ont toujours clamé leur innocence. Seul le témoignage de Lasi, qui avait avoué le viol d'une des touristes mais